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Les trails de Tony
27 juillet 2010

La 6000D, 65 km, 4000 D+

6000d

Tout commence le vendredi le 23 juillet, destination La plagne depuis Paris pour s’attaquer à la 6000D, trail mythique de 65km et 4000D+. Nous arrivons à 2 heures du matin.

On s'installe sur un parking pour commencer notre nuit, très vite Nico part dormir dehors dans l'herbe avec son duvet. Pour ma part, je reste en fœtus sur les sièges arrières, le froid me réveille. Ca tombe bien, il est 5H45 du matin, je dois m’alimenter pour être prêt, le début de la course est à 8H00, au menu saucisson, pain, fruits et barres.

Nous partons avec Nico faire une petite marche et j'en profite pour retirer mon dossard, il est environ 6H45. Petite anecdote, je demande à l'organisation s'il y a des douches, réponse de l'intéressé "mais vous n'avez pas de maison ?". Nous lui répondons que nous arrivons de cette nuit. Il nous renvoie vers le gymnase sans certitude. Allez, c'est parti pour trouver le gymnase, petit trotte, pas de chance les portes sont fermées. Il n’y aura pas de douche ce matin.

Retour, vers la voiture, pendant que je me prépare, Nico sympathise avec le père d'une athlète des Yvelines, concentrée, elle ne nous parle pas. Nous échangeons sur leurs derniers trails, je prends des informations sur le trail de l'Aubrac, décevant, en revanche il me confirme que le trail du Nivolet-Revard est super. Cela tombe bien puisque dans ma préparation, j'ai fais l'ascension du Revard (très bon souvenir), pourquoi ne pas le faire un jour?

Voilà, il est 7H30 du matin, je suis équipé, je me dirige vers le départ. Derniers contrôles de l'équipement, nous essayons les toilettes sèches, développement durable exige.

Je me place dans les derniers, soyons humble, la course est longue pas besoin de s'exciter, petite photo du départ.

J’attaque mon 3ème trail, mon premier de cette distance 65 km en altitude (680- 3050).

Mon entraînement a été bon, je vais partir prudemment.

Le départ est donné de Aime, altitude 680M, les sensations sont bonnes, mes tendons d'Achille me tiraillent raisonnablement, par la suite la douleur va disparaître.

C'est parti pour 8 km de plat, la foulée est souple, je remonte, tranquillement, coureur de plaine que je suis.

La fête prend vite fin, premier mur environ 2 km à 20%, je constate qu'à la marche je perds des places, je suis étonné, je me dis que j’ai à faire à des montagnards.

6000d montee


Le paysage est sympa, alternance de forêts et de prés, de replats et décotes, nous passons dans différents petits hameaux. Je cours avec la 11ème féminine, j'aime bien courir avec une femme, car elles sont très régulières, (vous êtes sûrement déçu de mon explication). Le constat est toujours le même, je perds du temps dans les grimpettes et dès que la pente revient vers 8 -10% je peux recourir et réintègre mon grupetto. Cela m’oblige à fournir une succession d’efforts, mais je me sens bien.

Le temps passe vite, déjà les premiers télésièges, seul problème, le trail suit les poteaux, on tire tout droit, la pente est raide.

J'arrive à Aime-La plagne 2100M d'altitude, petite descente vers La plagne Centre 1950M, premier ravitaillement.

Je vois Nico, soulagement, il prend soin de moi, je me ravitaille en eau, je mange, des TUC en pensant à Mathieu. Les indications chronométriques sont bonnes (trop bonnes peut être), 2H20 au lieu de 2H50 pour les premiers 19km, je suis à 30mn de la 1ère féminine Maud Giraud une référence en trail.


6000d corect 3


Je repars en bonne forme, la partie alpage est finie, nous attaquons la montagne, prochaine étape, le bas du glacier de Bellecotte (qui porte bien son nom).

Je m'éclate, j'alterne course et marche, le paysage est sympa, physiquement tout va bien, Je remonte en place vers la première partie de la course. Nous montons à 2600M à la roche de Mio (26 km) pour redescendre à 2450M au Col de la Chiaupe (29 km). Le temps devient incertain. Je retrouve Nico au 2ème ravito au Col de la Chiaupe. Le chrono est excellent 4H00, toujours sur un temps de 9H00. Je connais ma première alerte, depuis 1H je contrôle une crampe au niveau du mollet gauche. Je suis surpris car je cours avec des bas de contention devant éviter ce genre d'incident. Je prends mon temps, pour bien manger, avec du recul, c'est une erreur, je commence à avoir froid. En effet, je ne suis pas équipé pour la montagne, short d’athlé et léger maillot.

Nous décidons que Nico m'accompagne pour faire la boucle du glacier, la longueur est de 7.5 km et 500D+ 500D-. Dès la reprise, je sens que mes forces me quittent, je décide de mettre mes Kway (haut et bas), le froid est vif, la température est négative -4°, le vent renforce cette sensation.

L'altitude fait son effet, le souffle devient court, le brouillard nous enveloppe, tant mieux comme dirait Nico, car nous ne voyons pas le sommet.

Nous attaquons le "mur", obligé de mettre les mains pour ne pas retomber en arrière.

Surprise, la neige est très présente, avec mon équipement spartiate, je cours avec mes runnings, je glisse sans cesse en arrière, et je comprends mieux pourquoi je recule en côte, je n'ai pas d'accroche sous les pieds. Nico est une gazelle, il m'attend, me trace la route.

Autre surprise, je croise dans la montée, la femme du parking (elle dans la descente), elle doit avoir une 1h d'avance sur moi, je comprends mieux sa concentration.

La neige et le brouillard sont omniprésents à ce moment de la course, les premiers sont passés dans une éclaircie, mon gruppetto ne voit plus le marquage au sol, nous sommes une vingtaine, perdus dans la montagne. La visibilité est de 15 m. Tergiversations ! Où aller? 5mn de sur place, j'ai l'impression de m'effondrer sur moi-même, j'ai froid. 

Quelle Galère, j'en ai marre, j'ai envie d'arrêter, petit détail je suis à 3000 m d'altitude, à 32 km de l'arrivée. L'organisation décidera de dévier la course, le danger est trop important, les concurrents derrières nous, n'irons pas au sommet, 60 gars passent devant nous au classement !

Miracle, un gars trouve le marquage, à la voix, il nous guide pour retrouver le chemin, nous passons dans les névés, je me pète la gueule plusieurs fois, je ne sens plus mes doigts, la circulation sanguine est arrêtée au niveau des mains.

Nous retrouvons le chemin, vers le sommet, ouf  nous y sommes, il faut vite redescendre.

J’angoisse déjà en pensant au mur à venir, la descente, rodéo sur neige, la neige est tassée et lisse après le passage des autres coureurs. Je perds Nico, un bref instant, de nouveau perdu, mais cette fois le chemin est vite retrouvé, les coureurs râlent sur le marquage.

Le MUR de neige est devant moi, mais cette fois-ci en descente. Que faire? Essayer de tenir debout ou se laisser glisser sur le pantalon Kway. Je décide de glisser. Je m'élance, je prends de la vitesse, TRES GROSSE FRAYEUR, je n'arrive plus à m'arrêter, je continue de descendre, les rochers se rapprochent, je mets les mains dans la neige, les pieds en travers, rien à faire, les rochers me stoppent. Je n'ai plus de mains, j'ai les entrecuisses brûlées par le kway, 5cm² à sang de chaque côté, chaque frottement devient un supplice, encore 30 km.

ENFIN, retour au Col de la chiaupe. Je suis mort de fatigue, je grelotte Nico décide de m'accompagner dans la descente, là nouveau souci, une douleur récurrente au genou droit se fait vive. Il nous reste 28 km.

Nico se cale dans un groupe, c'est parti, je suis à 150 m derrière, je m'accroche. Nous alternons la course et la marche.

Je ne prends pas le temps de regarder le paysage, je pense à la prochaine ascension, l'arpette, petit "col",  il faut « juste » remonter à 2500 m.

L'Ascension se fait à un rythme de sénateur, je lâche complètement mentalement, je suis ailleurs dans une autre dimension, mon corps me supplie d’arrêter, je craque......

L'Arpette est derrière nous, c’était la dernière ascension, il faut redescendre vers la plaine, retrouver un peu de chaleur, il faut tenir, encore 22 km.

Nous arrivons à  Plagne Bellecote, fin de la montagne.

Nico m’encourage, si je fais les derniers 18 km en 2 h en descente, je réaliserais ma prévision initiale de 9H30. Petit calcul 9Km/h en descente, et l'objectif sera atteint. Seulement au fond de moi, je sais que c'est impossible. Nico me laisse pour la fin du parcours, il a adoré, il vient de parcourir 19 km, toutes  ces lignes pour 19 km, les plus longs de ma vie.

Je le crois à ce moment.........

Seul, je pars pour cette dernière partie, très vite je comprends que la descente est faite de descentes, certes mais aussi de remontées. Nous remontons deux fois de 100D+, pas grand chose, à vrai dire, mais cela me parait une éternité.

Je pense que l'aventure va prendre fin, très doucement, entre marche et course.

Dernier ravito en vue, Nico est inquiet, je viens de parcourir 10 km en 1h20, vous pensez peut être que je touche le fond, vous vous trompez

Je vais finir les derniers 8 km en 1h30.

L'histoire n’est pas finie. Je me retrouve dans un groupe de 6. Nous déambulons dans la forêt, quand nous arrivons à une route. Hélas, plus de marquages, nous sommes de nouveau égarés. Que faire?

Epuisés, nous décidons de descendre la route, on verra bien, très vite nous croisons un motard, il nous précise que nous allons vers Macot, charmant village se situant à 3km du parcours !

Le groupe décide de poursuivre la descente, je n'arrive pas à suivre, je m'effondre d'épuisement, sur la route, j'ai besoin de souffler. Je me retrouve seul au milieu de nul part. Je suis prêt à demander à une hypothétique voiture de m'emmener à l'arrivée, je m'en fous si je suis éliminé, je veux juste que cela cesse.

Je repars, quand soudain je croise un panneau de sentier "Sangot" avant dernière étape sur mon road book. Je décide de suivre ce chemin, perdu pour perdu.

Je suis seul au monde, sur ce sentier, croisement en vue, plus aucunes indications, je choisis le sentier qui longe la plaine pour compenser les 3km.

Village en vue, mais lequel ? J'aperçois des promeneurs, j'ai peur de l'information, suis-je bien à Sangot. OUI ET SURPRISE, je retrouve deux égarés qui eux, ont coupé à travers la forêt. Nous retrouvons le tracé.

Il nous reste 4 km, je vais les finir en courant, petite satisfaction.

J'aperçois l'arrivée, NICO prend la dernière photo, l'arrivée est franchie en 10h22 minutes.

J'ai tellement souffert, que je n'ai aucune satisfaction de finir. J'ai juste envie de me projeter dans une semaine pour récupérer mon intégrité physique.

Je pense sincèrement arrêter la course à pied.

Nerveusement, je suis à bout, je souhaite craquer mais je n'y arrive pas.

Les souffrances ne sont pas finies, je sollicite un masseur (qui sera une masseuse) et un podologue.

Aïe, mes pieds sont très amochés. Elle me prévient qu'elle va devoir me faire une ponction pour enlever le sang dans mes ampoules, le tout en me montrant la seringue et en me disant que c'est la partie la moins douloureuse. En effet, elle va devoir injecter un produit dans les ampoules pour accélérer la cicatrisation.

Enfin, la douche, il faut oublier ma chair à vif dans l'entrejambe, l'eau me pique tellement que je suis obligé de manger la serviette avec mes dents pour étouffer un cri de douleur.

Nous décidons de faire un resto avec Nico avant de reprendre la route, côte de bœuf et bière au menu.  Nous  alternons la conduite, retour à Maisons Laffitte à 3 h 30 du matin.

FIN DE L'AVENTURE

Conclusion : J’avais décidé de me mettre en situation difficile pour m’entraîner pour l’UTMB, au final je suis sceptique sur une future participation. Je suis également en réflexion sur mon devenir sportif. Ce récit ne se veut pas comme une plainte mais un partage d’une tranche de trail. J’assume complètement ma galère, et remercie mon amour de son soutien. Un grand merci enfin à Nico de m’avoir accompagné dans cette aventure.

Comble de l’histoire, j’ai pris 1,5 kg durant ce périple et je marche presque normalement. Enfin, le trail en montagne, nécessite entraînement et équipements (à méditer).

 

 

 

 

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